Stéphane Bataillon

Un mot à inventer
pour tenter de décrire
caché dans l’interstice

Peut-être y fait-il chaud
ou larmes retenues
on y crève d’être seul

Un mot à inventer
pour ces minutes longues
à contempler le vide

Où l’on tente l’approche
osant tracer les lignes
avant de s’y noyer.

Où nos ombres s’épousent – septembre 2010

Conserver seulement
ce qui est nécessaire

Ne garder que les mots
et puis les écouter.

Où nos ombres s’épousent – septembre 2010

Il a l’air de faire sombre
dans ce coin de forêt

A peine une lueur
entre les troncs impatients
semble nous y inviter

Il n’y a pas de nature
pas de vert, pas d’oiseaux
juste une peur terrible

Qui grouille, qui s’infiltre
qui dresse ses frontières
et veut nous y inclure

On n’irait pas, normalement
on s’enfuirait à toutes jambes

On courrait assez vite
pour que nos larmes sèchent

Mais là, non.
Là, on reste.
On avance.
On s’engouffre.

Pour terrasser les cris
pour faire sortir les bêtes
pour faire sonner le chant

Comme une déflagration
qui érige le lieu
de nouveaux ralliements

Une clairière
Une simple clairière.

Où nos ombres s’épousent – septembre 2010

Imagine un bateau
abandonné au port
qui décide une nuit
de reprendre la mer

Aidé par une brise
son ancre se libère
et sa proue de poussière
se pare d’argent et d’or

Heureux il peut sentir
le vent gonfler ses voiles
tutoyer les étoiles
charmer les goélands

Un jour, il reviendra
et avant de s’éteindre
dans un grand feu de joie
il nous racontera.

Où nos ombres s’épousent – septembre 2010